Les soins basés sur la valeur en Afrique: un mythe ou un modèle pour le monde développé?

27 août 2022General healthKimboCare Content Team
2022-08-27T03:27:00.000Z2022-08-27T03:27:00.000ZLes patients attendent plus d'empathie et de résultats derrière leurs factures d'hôpital

Les systèmes de soins de santé à but lucratif n’ont jusqu’à présent pas été en mesure de trouver un modèle durable pour l’égalité des soins de santé dans le monde. Ce constat est d’autant plus évident que les organismes internationaux luttent en ce moment pour atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU) dans le cadre des objectifs de développement durable (ODD) de l’ONU à l’horizon 2030.

Dans les systèmes de soins de santé établis, la transition a été lente. Certains prestataires de services médicaux ont résisté à l’abandon des modèles de profit basés sur les services, notamment dans l’industrie pharmaceutique. En outre, une telle transition se heurte aux nombreuses petites étapes nécessaires à la restructuration de divers maillons des chaînes d’approvisionnement complexes.

Les fondateurs de KimboCare sont persuadés que la réponse se trouve dans les économies émergentes. Dans ces pays, les systèmes de santé sont encore en développement, à un point où les nouvelles technologies de santé seraient les bienvenues. Leur plateforme fondée sur la blockchain n’est qu’un exemple de la manière dont une solution de données de bout en bout répond au besoin d’infrastructure numérique tout en créant un modèle de soins fondés sur la valeur dans leurs pays africains pilotes. Vous pouvez en savoir plus sur leur projet ici.

Leur projet ainsi que de nombreux autres soulignent à quel point la technologie innovante existe déjà pour offrir des soins de santé fondés sur la valeur. Nous examinons ci-dessous la nécessité de soins fondés sur la valeur et présentons des exemples de campagnes réussies mises en œuvre dans des pays africains.

La rémunération à l’acte (FFS) contre les soins fondés sur la valeur (VBC)

Le raisonnement habituel est que le profit permet aux prestataires de fournir des soins de meilleure qualité et d’employer davantage de services médicaux. Cependant, cette approche perpétue l’idée selon laquelle les gens doivent continuellement recourir aux services médicaux et les coûts doivent augmenter progressivement pour maintenir la croissance des bénéfices. Toutefois, l’histoire a montré que ce modèle aggravait le problème de l’accessibilité et du coût.

L’OMS a indiqué que les ménages consacrant plus de 10 % de leur budget aux frais de santé à leur charge sont passés de 9 à 13 % entre 2000 et 2015. En Afrique subsaharienne, les paiements directs représentent plus de 30 % des coûts.

Cette situation est aggravée par le fait que l’industrie pharmaceutique met également l’accent sur la rentabilité. Harvard Business Review a fait état de hausses de prix de 2 800 à 5 000 % pour certains médicaments et a recommandé de privilégier les médicaments génériques.

Des services aussi coûteux sont devenus inaccessibles pour de nombreuses personnes. Les soins de santé deviennent un luxe réservé à quelques riches. De nos jours, ces inégalités en matière de soins de santé existent aussi bien dans les pays développés que dans les pays en développement. En Afrique, près de 38 % de la population n’a pas accès aux soins de santé en raison des coûts élevés.

Discovery, qui a lancé un modèle d’assurance à valeur partagée en Afrique du Sud, a expliqué que « la rémunération à l’acte contribue à l’augmentation des coûts des soins de santé, dont tout le monde s’accorde à dire qu’ils sont actuellement insoutenables ». 

Selon Discovery, un système qui privilégie le volume par rapport à la valeur présente plusieurs lacunes :

- L’accent est mis sur le profit plutôt que sur la santé optimale ;

- Il y a peu d’incitation à réduire les coûts ou même à contrôler le coût comme objectif d’amélioration ;

- Le système rémunère les services dupliqués et de piètre qualité plutôt que les soins de santé efficaces, rapides et de haute qualité.

En revanche, Deloitte indique que les systèmes fondés sur la valeur peuvent améliorer la sécurité financière future et réduire les coûts. Ces systèmes augmentent généralement les revenus en améliorant la qualité, le taux d’utilisation et les coûts pour la société.

Le besoin de soins fondés sur la valeur se fait maintenant sentir

Les innovateurs et les analystes s’accordent à reconnaître que la transition vers des soins fondés sur la valeur (VBC) est essentielle pour parvenir à l’égalité en matière de soins de santé. Autrement dit, les systèmes doivent passer des métriques basées sur les bénéfices et les volumes à des résultats axés sur les patients. Un petit aperçu du succès de telles campagnes est perceptible dans les efforts d’éradication des maladies comme la polio.

Plus récemment, la COVID-19 a mis en évidence d’autres lacunes des modèles de soins de santé actuels fondés sur la rémunération à l’acte. Les retards dans la fourniture des soins et la fluctuation des besoins ont presque entraîné l’effondrement des systèmes de santé dans le monde entier.

Les soins fondés sur la valeur peuvent produire l’effet inverse comme le souligne Michael Porter, universitaire à Harvard Business : « Dans le secteur des soins de santé, l’époque de la méthode classique des affaires est révolue. »

Michael Porter décrit un plan en six points de la transition vers les soins fondés sur la valeur :

- Standardisation des unités de mesure

- Mesure obligatoire des coûts et des résultats pour chaque patient

- Adoption des paiements groupés

- Optimisation de la prestation des soins entre les parties prenantes

- Mise à l’échelle au sein des populations

- Construction des plateformes technologiques facilitatrices

Dans les pays africains, nombre de ces éléments sont plus faciles à mettre en œuvre en raison de l’absence de systèmes de santé développés. À ce titre, les systèmes de santé africains sont particulièrement prêts pour les nouvelles technologies.

L’Afrique peut-elle être en avance sur le terrain des soins fondés sur la valeur ?

Le financement et la qualité des soins de santé sont d’énormes obstacles à l’amélioration de l’accès aux soins en Afrique subsaharienne. Bien que la région représente près de 20 % de la population mondiale et supporte le quart des maladies dans le monde, elle reçoit moins de 1 % des dépenses mondiales de santé. Au regard de ces aspects, la région se prêterait bien à la collecte des données et aux investissements dans les soins de santé.

Les données devenant de plus en plus un bien de première nécessité, plusieurs entreprises s’efforcent de monétiser les données relatives aux soins de santé par le biais d’initiatives axées sur le patient.

Longenesis a été un leader dans la monétisation des soins de santé dans les régions africaines. Leur plateforme combine l’IA et la technologie blockchain pour permettre le stockage et l’échange de données entre les patients et les entreprises. Les Africains peuvent choisir de monétiser leurs propres données, ce qui permet d’attirer davantage d’investissements dans les soins de santé dans leur région. Un tel service peut également donner un coup de fouet à d’importantes initiatives et essais de recherche médicale.

Par exemple, la plateforme Public Health Incentives de Ribbon vise à améliorer le comportement du public et des cliniciens en intégrant un système d’examen et de récompense. Il met en commun l’argent des donateurs dans un système de cryptomonnaie, qui est distribué aux patients et aux prestataires de soins de santé pour l’accomplissement des activités bien précises, comme le dépistage du VIH ou le respect des normes de qualité.

De même avec CareAi, la blockchain est utilisée pour stocker et distribuer les données provenant de machines qui établissent de manière anonyme un diagnostic pour les maladies stigmatisées par la société, comme le paludisme et la fièvre typhoïde. En utilisant des contrats intelligents, les patients peuvent choisir de partager ces données anonymes, qui sont achetées par des agences gouvernementales et des entreprises à l’aide de jetons. Ces jetons sont réinvestis dans les machines et les ONG de soins de santé, au bénéfice de la population.

Les données agrégées constituent des éléments essentiels à l’élaboration d’un modèle de soins fondé sur la valeur. La plateforme de KimboCare combine les données de toutes les parties prenantes, y compris les avis des patients, pour inciter le sens du devoir chez les prestataires de soins de santé. Ces données agrégées mettent également l’accent sur les domaines où la qualité des soins de santé peut être améliorée. L’utilisation des « jetons de santé » incite en outre les prestataires à se concentrer sur la qualité des soins plutôt que sur la répétition des services. À ce jour, KimboCare compte plus de 20 prestataires de services médicaux dédiés à ce modèle de soins fondés sur la valeur.

Un autre projet mené avec succès a été la mise en œuvre de la plateforme de soins de santé mobiles M-TIBA au Kenya. Cette plateforme centrée sur le patient met en relation directe les patients et les prestataires de soins de santé, tout en facilitant les paiements mobiles. Elle recueille une énorme quantité de données médicales dans des zones où ces données n’existent généralement pas.

KimboCare : réalisation de l’accès équitable aux soins de santé par le biais des soins fondés sur la valeur (VBC)

KimboCare est conscient de l’importance de la technologie pour atteindre les objectifs VBC. Sa plateforme de soins de santé vise à réaliser les principes des soins fondés sur la valeur de plusieurs manières :

- Une solution numérique de bout en bout permet d’éviter les silos de données qui empêchent généralement la transparence et font obstacle à la réalisation des VBC.

- La plateforme interopérable facilite l’intégration avec d’autres systèmes existants.

- Des données normalisées et des processus reproductibles permettent d’augmenter l’échelle et l’impact sur la santé.

- Des paramètres et des indicateurs clés de performance (KPI) sont définis pour l’ensemble de la chaîne d’approvisionnement des soins de santé, de la prestation des soins aux résultats des patients.

- Les coûts sont suivis par le biais de « crédits santé », qui permettent la traçabilité des ensembles de soins achetés, des services fournis, du coût des soins par patient et des paiements entre les parties prenantes concernées.

- Les avis et l’engagement des patients sont exploités comme des métriques pour garantir la qualité des soins de santé.

- Les données en temps réel permettent de réagir rapidement et de réaffecter les ressources en cas de besoin.

- À travers de nombreuses campagnes de santé, la plateforme KimboCare a prouvé comment les données et les modèles basés sur la valeur pouvaient améliorer l’accès et la qualité des soins de santé, ce que nous examinons ci-dessous.

Intégrer les principes clés des VBC avec l’engagement des prestataires médicaux

Les principes clés des VBC guident la manière dont KimboCare travaille avec ses partenaires médicaux. Les composantes des soins médicaux de KimboCare sont mesurées par :

- La santé et le bien-être d’un patient plutôt que les services rendus ;

- L’engagement et le retour d’information des patients, qui sont cruciaux pour s’assurer que la valeur est fournie conformément aux promesses faites aux clients et aux patients.

Les partenaires médicaux de KimboCare sont naturellement incités par le fait qu’il existe une source limitée de crédits santé (par opposition à un système d’assurance basé sur la rémunération à l’acte). Les prestataires doivent fournir les meilleurs soins possibles avec une source de financement aussi limitée.

Outre les avantages pour les patients, les systèmes numériques intégrés sont également essentiels pour faciliter les prestations des soins du personnel des soins de santé. Les cliniciens peuvent mieux surveiller la santé de leurs patients, communiquer et partager les progrès avec les autres parties prenantes, et contacter les patients pour les contrôles préventifs et les traitements nécessaires.

Comment la blockchain peut propulser les effets des VBC en Afrique

La blockchain est un moyen économique permettant de recueillir des données et de mettre en œuvre des solutions fondées sur la valeur pour des millions de patients. En effet, elle dispose d’une grande capacité de collecte de données, de stockage sécurisé, d’agrégation des données et d’automatisation des analyses pour fournir des informations en temps réel.

Plus précisément, la technologie blockchain joue un rôle central dans la création de plateformes capables de collecter les données d’un patient auprès de divers prestataires de soins de santé, puis de donner aux patients le contrôle sur les personnes qui peuvent accéder à leurs données. Certains programmes fondés sur la blockchain incluent des incitations et des systèmes de récompense à jetons pour stimuler l’engagement des patients et les résultats des soins de santé.

La technologie blockchain de KimboCare est un exemple de la manière dont on peut faciliter le déploiement à l’échelle d’un modèle VBC en fournissant :

1. Une plateforme numérique de bout en bout

2. Une coordination de bout en bout des soins entre les différents intervenants

3. Une possibilité de participation des patients à l’amélioration de la gestion des soins

4. Une traçabilité des prestations de soins

5. Des interfaces du système interopérables et intégrées

6. Un même niveau de soins avec le même montant ou un montant inférieur

7. Des paiements effectués auprès des fournisseurs partenaires sur la base de paramètres fondés sur des données (certains liés à la santé de la population)

Ce phénomène a été mis en évidence dans une récente campagne de santé. KimboCare a pu aider une entreprise cliente à réaliser ses aspirations en matière d’accès à des soins de santé de qualité. La campagne a offert un dépistage gratuit de l’hépatite en collaboration avec les prestataires médicaux partenaires établis à Douala, au Cameroun. La campagne a touché des centaines de patients. Plus de 25 % des patients étaient des femmes enceintes, ce qui leur a permis de mener des grossesses plus saines et de protéger leurs futurs bébés.

Le rôle des données dans les VBC et dans la réduction du gaspillage

Environ 25 % des dépenses de santé aux États-Unis sont inutiles ou gaspillées, ce qui représente près de mille milliards de dollars. Le gaspillage dans les soins médicaux atteint jusqu’à 40 % dans d’autres pays. Le suivi des données accroît la rentabilité en découvrant des moyens d’améliorer l’accès et l’utilisation des services, tout en réduisant le gaspillage et l’inefficacité.

Un autre problème notable en Afrique est la répartition inégale des travailleurs de la santé et la mauvaise répartition des ressources. L’OMS estime que l’Afrique compte un médecin pour environ 3600 personnes, contre un médecin pour 230 personnes en Europe.

Le suivi des données financières et sanitaires permet aux dirigeants d’identifier les domaines dans lesquels des économies d’échelle peuvent être exploitées pour réduire les coûts et augmenter l’utilisation des ressources. Cette démarche est particulièrement importante pour renforcer la responsabilité, ce qui est vital pour les organisations qui cherchent à favoriser l’accès du grand nombre aux soins de santé par le biais des investissements ESG, de fonds publics, de dons ou de subventions.

Cependant, le manque de données agrégées constitue un défi important à relever pour réduire les coûts et pour allouer les ressources ; seule la moitié des pays du monde publie ces données.

De nombreux pays n’ont pas la capacité de contrôler systématiquement la qualité des soins. Une telle situation crée des angles morts chez les décideurs politiques lorsqu’ils doivent choisir la méthode efficace ainsi que les secteurs prioritaires dans l’allocation des ressources pour réduire les gaspillages et les coûts, ou au niveau des organisations lorsqu’elles cherchent à introduire de nouveaux produits sur ces marchés.

C’est pourquoi KimboCare estime que les données sont l’un des premiers facteurs à prendre en compte lors de la création de systèmes basés sur la valeur. « Sans données adéquates, les systèmes de santé ont plus de mal à identifier les domaines clés lorsqu’il s’agit de réduire les coûts et d’améliorer les services. Une structure informatique robuste et normalisée sera essentielle pour réaliser un fonctionnement parfait du système », d’après les fondateurs de KimboCare.

C’est d’ailleurs ce qui a inspiré la plateforme de données centralisée de KimboCare, qui regroupe les données de tous les acteurs des soins de santé afin de mesurer la qualité et les lacunes dans la prestation des soins. Une telle agrégation peut-elle conduire KimboCare à devenir l’Amazon des soins de santé de demain ? Seul le temps nous le dira.

Conclusion

Les modèles de soins de santé fondés sur la valeur (VBC) seront essentiels pour parvenir à des soins de santé universels. Les programmes pilotes actuels en Afrique, notamment la plateforme de soins de santé KimboCare, prouvent que la technologie sera essentielle pour réaliser cette transition. Les données seront particulièrement importantes pour réduire les coûts tout en améliorant la qualité et l’accès aux soins de santé.

Grâce à la puissance de la technologie blockchain, le modèle de KimboCare illustre comment les incitations fondées sur la valeur peuvent rapprocher l’Afrique de l’accès aux soins de santé pour tous.

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